Les Violons sont plus brillants et jouent plus aisément dans les tons qui leur laissent l’usage des cordes à vide. Le ton d’UT seulement semble faire exception à cette règle pour sa sonorité, qui est moindre évidemment que celle des tons de LA et de MI, bien qu’il garde quatre notes à vide, tandis qu’on n’en conserve que trois en LA et deux seulement en MI.
On peut, je crois caractériser ainsi le timbre des divers tons, pour le violon, en indiquant les plus ou moins grandes facilités d’exécution.
Les instruments à archet, dont la réunion forme ce qu’on appelle assez improprement le quatuor, sont la base, l’élément constitutif de tout orchestre. À eux se trouvent dévolues la plus grande puissance expressive, et une incontestable variété de timbres. Les Violons surtout peuvent se prêter à une foule de nuances en apparence inconciliables. Ils ont (en masse) la force, la légèreté, la grace, les accents sombres et joyeux, la rêverie et la passion. Il ne s’agit que de savoir les faire parler. On n’est pas obligé d’ailleurs de calculer pour eux, comme pour les instruments à vent, la durée d’une tenue, de leur ménager de temps en temps des silences ; on est bien sûr que la respiration ne leur manquera pas. Les violons sont des serviteurs fidèles, intelligens, actifs et infatigables.
Les mélodies tendres et lentes, confiées trop souvent aujourd’hui à des instruments à vent, ne sont pourtant jamais mieux rendues que par une masse de violons. Rien n’égale la douceur pénétrante d’une vingtaine de chanterelles mises en vibration par vingt archets bien exercés. C’est là la vraie voix féminine de l’orchestre, voix passionnée et chaste en même temps, déchirante et douce, qui pleure et crie et se lamente, ou chante et prie et rêve, ou éclate en accents joyeux, comme nulle autre ne le pourrait faire. Un imperceptible mouvement du bras, un sentiment inaperçu de celui qui l’éprouve, qui ne produirait rien d’apparent dans l’exécution d’un seul violon, multiplié par le nombre des unissons, donne des nuances magnifiques, d’irrésistibles élans, des accents qui pénètrent jusqu’au fond du cœur.