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Le mélodium est à la fois un instrument d’Église, de Théâtre, de Salon et de salle de Concert. Il occupe peu de place, il est portatif. C’est donc pour les compositeurs et pour les amateurs de musique, un serviteur d’une utilité incontestable. Depuis que MMrs Meyerbeer, Halevy, Verdi, dans leurs œuvres dramatiques ont employé l’orgue, combien de théâtres des provinces de France et même d’Allemagne, qui n’ont pas d’orgues, se sont trouvés embarrassés pour les exécuter ; à combien de mutilations et d’arrangements plus ou moins maladroits des partitions cette absence des orgues n’a-t-elle pas donné lieu. Les directeurs de ces théâtres seraient inexcusables de tolérer aujourd’hui de semblables méfaits, puisque, pour une somme très modique, ils peuvent avoir à défaut d’un orgue à tuyaux, un orgue mélodium à peu près suffisant pour le remplacer.

Il en est de même des petites Églises où la musique jusqu’à présent n’avait pu pénétrer. Un mélodium touché par un musicien de bons sens, peut et doit y introduire la civilisation harmonique, et faire avec le temps disparaître les hurlemens grotesques qui s’y mêlent encore au service religieux.

PIANOS ET MÉLODIUMS (d’Alexandre)
à son prolongé.

Le prolongement est l’invention la plus importante qu’on ait introduite récemment dans la fabrication des instruments à clavier. Cette invention appliquée maintenant aux Pianos et aux Orgues mélodiums, donne à l’exécutant la possibilité de maintenir indéfiniment, par un simple mouvement du genou, une note, un accord, ou un arpège dans toute l’étendue du clavier, après que les mains ont cessé de presser les touches. Et pendant cette tenue fixe d’un plus ou moins grand nombre de sons, l’exécutant, usant de la liberté de ses mains, peut non seulement attaquer et faire parler d’autres notes qui ne font pas partie de l’accord soutenu, mais encore celles qui se prolongent. On comprend à quelle multitude de combinaisons diverses et charmantes cette invention peut donner lieu sur l’orgue mélodium et sur le Piano. Ce sont de véritables effets d’orchestre et de la nature de ceux qui se produisent, quand les instruments à archet exécutent quatre ou cinq parties diversement dessinées au travers d’une harmonie soutenue par les instruments à vent (Flûtes, Hautbois et Clarinettes,) ou mieux encore comme ceux qui résultent d’un morceau à plusieurs parties joué par les instruments à vent, pendant une tenue harmonique des violons divisés ; ou quand l’harmonie et la mélodie se meuvent au dessus ou au dessous d’une Pédale.

Ajoutons que l’effet du prolongement peut avoir lieu avec différents degrés d’intensité sur le mélodium selon qu’on ouvre ou qu’on ferme le registre Forte qui lui est adjoint.

Deux Genouillères sont placées sous le clavier de manière à pouvoir être facilement mises en mouvement par un léger coup des genoux de l’exécutant. L’une, celle de droite, produit la prolongation des sons de la moitié droite du clavier, l’autre les prolonge sur l’autre moitié. Pour que le son se prolonge il faut attaquer la touche en même temps que l’on donne le coup de genouillère.

ainsi :

\language "italiano"
\relative do'' {
\clef treble
\key do \major
\time 4/4
<< {  <sol'~ mi~ do~>1 | <sol mi do>1) }
  \\
  { \override Rest #'style = #'classical r4_\markup { \column {     
    \line { \lower #3 \bold " 1 "}
    \line { \hspace #-3 \fontsize #-1 {" Genouillère."}}}}
    sol,8[ fa] mi4 sol | do,8[ re16 mi] fa8[ sol] la[ si] do4 } >> \bar "||" 
}
\header { tagline = ##f}
\layout{
   indent = 0\cm
} %layout


Si l’on veut arrêter la tenue des sons, un deuxième coup de genou l’arrête immédiatement.

Ainsi :

\language "italiano"
\relative do'' {
\clef treble
\key do \major
\time 4/4
<< {  <sol'~ mi~ do~>1 | <sol mi do>4 }
  \\
  { \override Rest #'style = #'classical r4_\markup { \column {     
    \line { \lower #3 \bold " 1 "}
    \line { \hspace #-3 \fontsize #-1 {" Genou."}}}}
    sol,8[ fa] mi4 sol | \once \override NoteColumn.force-hshift = #1.5 do4_\markup { \column {     
    \line { \hspace #1 \lower #3 \bold " 1 "}
    \line { \hspace #-1 \fontsize #-1 {" Genou."}}}} 
    sol'4\rest sol2\rest } >> \bar "||" 
}
\header { tagline = ##f}
\layout{
   indent = 0\cm
} %layout

Mais si ce nouveau coup frappé sur la genouillère arrête l’effet du prolongement produit par le coup précédent, il le remplace immédiatement aussi par un nouvel effet, si on attaque en même temps une ou plusieurs nouvelles touches.

Ainsi :

\language "italiano"
\relative do'' {
\clef treble
\key do \major
\time 4/4
<< { <sol'~ mi~ do~>1 | <sol mi do>4  <lab fa re si>2 s4 | <sol mi do>1\( | s4 <sol mi do>2.\) }
  \\
  { \override Rest #'style = #'classical r4_\markup { \column {     
    \line { \lower #3 \bold " 1 "}
    \line { \hspace #-3 \fontsize #-1 {" Genou."}}}}
    sol,8[ fa] mi4 sol | do,16[ mi sol do] r16_\markup { \column {     
    \line { \hspace #-1 \lower #5 \bold " 1 "}
    \line { \hspace #-3 \fontsize #-1 {" Genou."}}}}
    re,16[ fa re] si8[ re fa si] | r8_\markup { \column {     
    \line { \lower #5 \bold " 1 "}
    \line { \hspace #-3 \fontsize #-1 {" Genou."}}}}
    do,8[ re mi] fa[ sol la si16 do] | re16[ mi do sol] mi8[ sol] do,4 s4
  } 
>> \bar "||" 
}
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   indent = 0\cm
  \set fontSize = #-1
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