Si les pédales du Trombone Alto n’étaient pas d’un si mauvais timbre on pourrait les employer, dans les orchestres qui n’ont pas de Trombone Basse, à
combler la lacune existant entre le Mi ♮ | du Trombone Ténor et sa |
première pédale ; | malheureusement elles sont si grêles et si |
flasques, qu’il ne faut pas compter là dessus pour remplacer les beaux sons graves, du Trombone Ténor ; le Trombone Basse seul, avec les puissantes
notes de l’extrémité inférieure de sa gamme |
peut remplir cet emploi.
Heureusement l’habile facteur Sax (de Paris) a tranché la difficulté au moyen d’un seul piston adapté au corps du Trombone Ténor ; piston que l’exécutant fait mouvoir avec le pouce de la main gauche, en conservant toute la liberté de son bras droit, pour faire manœuvrer la coulisse, et qui, comblant la lacune, donne maintenant au Trombone Ténor en Si ♭ cette immense étendue.
Tous les Orchestres devraient posséder au moins un de ces beaux instruments.
Les vibrations des notes pédales sont lentes et demandent beaucoup d’air ; il faut donc, pour qu’elles puissent bien sortir, leur donner une assez longue durée, les faire se succéder lentement, et les entremêler de silences qui permettent à l’exécutant de respirer. Il faut avoir soin aussi que le morceau où elles figurent soit écrit généralement assez bas pour que les lèvres du Tromboniste aient pu graduellement s’accoutumer aux intonations très graves. La meilleure manière de prendre les pédales sur le Trombone Ténor par
exemple, est de faire sur la première | un saut de quinte ou |
d’octave, en partant du Fa ou du Si ♭ au dessus ; puis, après avoir permis une respiration, de passer en descendant chromatiquement au La et au Sol dièze (le Sol naturel est plus difficile, d’une rudesse extrême et d’une émission très chanceuse.)
C’est du moins ainsi que, dans une messe de Requiem moderne, l’auteur a amené ces trois notes ; et bien qu’à la première répétition de son ouvrage, sur les huit Trombonistes qui devaient les faire entendre, cinq ou six se fussent écriés qu’elles n’étaient pas possibles, les huit Si bémols, les huit La et les huit Sol ♯ n’en
sortirent pas moins très pleins et très justes, et donnés par plusieurs artistes qui, n’ayant jamais essayé de les faire entendre, ne croyaient pas à leur existence.
La sonorité des trois notes pédales parut même beaucoup plus belle que celle des notes bien moins graves et souvent employées
Cet effet est placé, dans l’ouvrage que je viens de citer, au dessous d’une harmonie de Flûtes à trois parties, en l’absence des voix et de tous les autres instruments. Le son des Flûtes, séparé de celui des Trombones par un intervalle immense, semble être ainsi la résonnance harmonique suraigüe de ces pédales, dont le mouvement lent et la voix profonde ont pour but de redoubler la solennité des silences dont le chœur est entrecoupé, au verset : Hostias et preces tibi laudis offerimus.