Voyez en outre l’exemple N° 11, tiré du Freyschutz de Weber. Il y a quelque chose d’admirablement rêveur dans ces tenues au grave des deux flûtes, pendant la prière de la mélancolique Agathe, promenant ses regards sur la cîme des arbres, qu’argentent les rayons de l’astre des nuits.
En général, les maîtres modernes écrivent les flûtes trop constamment dans le haut, ils semblent toujours craindre qu’elles ne se distinguent pas assez au dessus de la masse de l’orchestre. Il en résulte qu’elles prédominent, au lieu de se fondre dans l’ensemble, et que l’instrumentation devient perçante et dure plutôt que sonore et harmonieuse.
Les flûtes ont une famille, comme les hautbois et les clarinettes, et tout aussi nombreuse. La grande flûte dont nous venons de parler est la plus usitée. Pour les orchestres ordinaires, on écrit en général que deux parties de grande flûte ; souvent néanmoins, des accords doux tenus par trois flûtes seraient d’un excellent effet. Il résulte une sonorité charmante de l’association d’une flûte seule dans le haut, avec quatre violons, soutenant une harmonie aiguë à cinq parties. Malgré l’usage, raisonnable cependant, qui fait donner toujours à la première flûte les notes les plus élevées de l’harmonie, il y a des occasions nombreuses de faire le contraire avec succès.
LA PETITE FLÛTE.
Elle est a l’octave haute de la précédente ;
Exemple. | |
Effet. |
Elle en a toute l’étendue, en exceptant toutefois le
contre ut aigu | qui ne sort que très difficilement dont le son est |
presque insupportable et qu’il faut en conséquence se garder d’écrire ;
le Si naturel | est déjà d’une excessive dureté et ne peut |
s’employer que dans un fortissimo de tout l’orchestre. Il est presque inutile, par la raison contraire, d’écrire les notes de l’octave inférieure, on les entendrait à peine, et à moins d’un effet à produire par la spécialité de leur faible timbre, il vaut mieux les remplacer par les sons qui leur correspondent dans la seconde octave de la grande flûte.
On abuse étrangement aujourd’hui des petites flûtes, comme de tous les instruments dont les vibrations frémissent, percent ou éclatent. Dans les morceaux d’un caractère joyeux, les sons de la seconde octave
peuvent être très-convenables, dans toutes les nuances ;
les notes supérieures | sont excellentes (fortissimo) |
pour les effets violents et déchirants ; dans un orage, par exemple, ou dans une scène d’un caractère féroce, infernal.
Ainsi la petite flûte figure on ne peut mieux dans le quatrième morceau de la symphonie pastorale de Beethoven, tantôt seule, à découvert, au dessus du trémolo grave, des Altos et des Basses, et imitant les sifflements d’un ouragan dont la force n’est pas encore déchainée, tantôt, sur des notes plus aiguës, avec la masse entière de l’orchestre.
Gluck, dans la tempête d’Iphigenie en Tauride, a su faire grincer plus rudement encore les sons hauts de deux petites flûtes à l’unisson, en les écrivant, dans une succession de sixtes, à la quarte au dessus des premiers violons.
Le son des petites flûtes sortant à l’octave supérieure produit par conséquent avec les premiers violons des suites de onzièmes dont l’âpreté est là on ne peut mieux matinée.