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Il y a quelque chose d’orageux, de violent, dans le fortissimo, sur le médium de la chanterelle et de la 2e corde.

EXEMPLE.

\relative c'' {
  \override Staff.TimeSignature #'stencil = ##f
  <f d'>1:64\ff \bar "||"
}

Il devient aérien, angélique, au contraire, si on l’emploie à plusieurs parties et pianissimo sur les notes aigues de la chanterelle.

EXEMPLE.

\version "2.14.0"

\header {
  % Supprimer le pied de page par défaut
  tagline = ##f
}

\layout {
  \context {
    \Score
    \remove "Bar_number_engraver"
  }
}

violinI = \relative c'''' {
  \override Staff.TimeSignature #'stencil = ##f
  a1:32\pp
  bes1:32
  a1:32
  \bar "||"
}

violinII = \relative c''' {
  \override Staff.TimeSignature #'stencil = ##f
  f1:32\pp
  <e g>1:32^"Divisi."
  f1:32
}

violinIII = \relative c''' {
  \override Staff.TimeSignature #'stencil = ##f
  c1:32\pp
  c1:32
  c 1:32
}

violinIPart = \new Staff \with {
  instrumentName = \markup {1\super ers Violons.}
} \violinI

violinIIPart = \new Staff \with {
  instrumentName = \markup {2\super me Violons.}
} \violinII

violinIIIPart = \new Staff \with {
  instrumentName = \markup {\center-column{\line {3\super me Violons,} \line {ou Altos.} } }
} \violinIII

\score {
  <<
    \violinIPart
    \violinIIPart
    \violinIIIPart
  >>
  \layout { }
}

C’est ici le cas de dire que l’usage est de diviser à l’orchestre les Violons en deux bandes, mais qu’il n’y a aucune raison de ne pas les subdiviser en deux ou en trois parties, selon le but que le compositeur se propose. Quelquefois même on peut avec succès porter le nombre des parties de Violons jusqu’à huit, soit qu’il s’agisse d’isoler de la grande masse huit Violons seuls (jouant à huit parties,) soit qu’on divise la totalité des premiers et des seconds Violons en quatre petites masses égales.

Je reviens au tremolo. L’important, pour que son effet existe complètement, c’est que le mouvement de l’archet soit assez rapide pour produire un véritable tremblement ou frémissement. Il faut donc que le compositeur l’écrive avec précision, en tenant compte de la nature du mouvement établi dans le morceau ou le tremolo se trouve ; car les exécutants, heureux d’éviter un mode d’exécution qui les fatigue ne manqueraient pas de profiter de toute la latitude qui leur serait laissée à cet égard.

Ainsi dans le mouvement Allo assai si l’on écrit pour un tremolo


\relative c'' { d1:16 \bar "||" }

qui produira

\relative c'' { \unfoldRepeats \repeat volta 16 { d16 } \bar "||" }

il n’y a rien à dire, le tremblement existera ; mais si on se contente d’indiquer aussi par des croches doubles le tremolo d’un Adagio, les exécutants ne feront que des doubles croches rigoureusement, et il en résultera, au lieu d’un tremblement, un effet d’une lourdeur

et d’une platitude détestables. Il faut écrire en ce cas :

\relative c'' { d1:64 \bar "||" }

et même quelquefois, si le mouvement est encore plus lent que l’Adagio :

\relative c'' { d1:128 \bar "||" }

Le tremolo du bas et du médium de la troisième et de la quatrième corde, est bien plus caractérise dans le fortissimo, si l’archet attaque les cordes près du chevalet. Dans les grands orchestres et lorsque les exécutants veulent se donner la peine de le bien rendre, il produit alors un bruit assez semblable à celui d’une rapide et puissante cascade. Il faut indiquer le mode d’exécution par ces mots : près du chevalet.

Une magnifique application de cette espèce de tremolo a été faite dans la scène de l’oracle, au premier acte de l’Alceste de Gluck.

L’effet du tremblement des 2ds Violons et Altos est là encore redouble par la progression grandiose et menaçante des Basses, le coup frappé de temps en temps par les premiers Violons, les entrées successives des instruments à vent, et enfin par le sublime Récitatif que ce bouillonnement d’orchestre accompagne. Je ne connais rien en ce genre, de plus dramatique ni de plus terrible.

Seulement, l’idée du tremolo près du chevalet, n’ayant point été exprimée par Gluck dans sa partition, ne saurait lui être attribuée. L’honneur en revient entièrement à Mr Habeneck, qui, en dirigeant au Conservatoire les études de cette étonnante scène, exigea des Violons ce mode énergique d’exécution, dont l’avantage, en pareil cas est incontestable.