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POST-SCRIPTUM


Lettre adressée avec le manuscrit de mes mémoires à M.*** qui me demandait des notes pour écrire ma biographie[1].


Monsieur,

Vous désirez connaître les causes de l’opposition que j’ai rencontrée à Paris comme compositeur pendant vingt-cinq ans. Ces causes furent nombreuses ; fort heureusement elles ont en partie disparu[2]. La bienveillance de toute la presse (en exceptant la Revue des Deux-Mondes, dont la critique musicale est confiée à un monomane, et dont le directeur m’honore de sa haine) à l’occasion de mon dernier ouvrage l’Enfance du Christ, semble le prouver. Plusieurs personnes ont cru voir dans cette partition un changement complet de mon style et de ma manière. Rien n’est moins fondé que cette opinion. Le sujet a amené naturellement une musique naïve et douce, et par cela même plus en rapport avec leur goût et leur intelligence, qui, avec le temps, avaient dû en outre se développer. J’eusse écrit l’Enfance du Christ de la même façon il y a vingt ans.

La principale raison de la longue guerre qu’on m’a faite est dans l’antagonisme existant entre mon sentiment musical et celui du gros public parisien.

  1. Il s’est bien gardé d’en profiter ; son livre est rempli de contes absurdes et d’extravagantes appréciations.
  2. Elles sont revenues maintenant, et l’opposition est plus acharnée que jamais. (1864.)