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Pour vous, Corsino, qui pensez paraître ridicule aux yeux des hommes de lettres et des musiciens de Paris qui me liront, sachez-le bien, votre crainte est absolument chimérique ; par cette excellente raison, que les hommes de lettres de Paris lisent seulement leurs propres livres et que les musiciens ne lisent rien.

Je vous remercie sincèrement de m’avoir soustrait à la vendetta transversale du ténor outragé, et de ne vouloir pas qu’on me joue. Je vous en ai même une double obligation, car le danger serait double pour moi, si l’opéra en question était donné à X***. Je crois vos confrères fort capables d’en faire un opéra où l’on parle, et de commencer la lecture de Clarisse-Harlowe à sa première représentation.

J’avoue la mesquinerie de mon calembour sur Moran, mais votre jeu de mots sur les Bavaroises ne vaut pas mieux.

Il m’est impossible de croire au corset de votre chef d’orchestre. Ce sont plutôt les répétitions d’Angélique et Roland qui l’auront fait maigrir. C’est donc bien mauvais ?

Si j’ai dit par deux fois que le bon Bacon (admirez l’euphonie !) ne descendait pas de l’homme célèbre dont il porte le nom, c’est que sa rare intelligence et la profondeur de son esprit pourraient faire croire le contraire, et qu’une telle supposition de descendance serait calomnieuse pour le savant Roger Bacon, inventeur de la poudre, puisqu’il fut moine et que les moines ne se marient pas. Cette explication, je l’espère, satisfera complétement notre ami.

Dimski, Dervinck, Turuth, Siedler et vous, Corsino, vous ignorez ce qu’est Falstaff. Vous osez le dire ! Mais vous êtes donc tous plus B. B. B. B. Bacon que Bacon lui-même ! Falstaff un poëte ! un guerrier ! et vous avez prétendu souvent connaître Shakespeare !… Sachez donc, Messieurs mes amis les musiciens, que sir John Falstaff est un personnage important de trois pièces du poëte anglais, des deux tragédies de Henri VI et de la comédie des Joyeuses commères de Windsor ; qu’il occupe encore l’attention du public dans un quatrième drame du même auteur, où il ne paraît point, mais