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avec laquelle j’ai pu, après sept ans, coordonner mes souvenirs pour ce récit antidaté ?… L’impression que j’ai reçue des fêtes de Bonn a été si vive et si profonde !..... Je me sens maintenant noyé dans la tristesse, pour vous l’avoir retracée..... Il n’y a plus de Beethoven !… Notre monde poétique est désert !… Nous ne retrouverons plus ces grands ébranlements, ces incendies de l’âme que firent naître en nous les premières auditions de ses symphonies !… Les belles réalités de notre jeunesse me semblent des rêves pour jamais évanouis. Le printemps et l’été ont-ils vraiment existé pour nous ?… L’aquilon souffle jour et nuit avec une si cruelle persistance..... Plus de vertes prairies, de ruisseaux murmurants, de forêts mystérieuses ; plus d’azur au ciel..... l’herbe est brûlée, l’onde glacée, la forêt nue ; les feuilles et les fleurs et les fruits sont tombés, la terre froide les a recueillis… et nous allons… bientôt… les suivre.

Mais pardon, je m’oublie. J’ai à m’occuper de votre seconde heure d’angoisses. La première s’est écoulée tant bien que mal, n’est-ce pas ? Quand je dis tant bien que mal, j’ai tort. Qui d’entre vous oserait se plaindre ! Pendant tout ce premier acte d’Angélique et Roland, vous n’avez eu que du Beethoven !…

Voulez-vous du Méhul maintenant ?… Voici une notice sur ce classique compositeur, que j’ai écrite à l’intention des artistes parisiens. Peut-être est-elle un peu à l’adresse de vos confrères ; car souvent, dans mes voyages, j’ai remarqué combien peu de connaissances biographiques possèdent les artistes étrangers sur nos maîtres français de la grande époque.

Changez de lecteur, le premier doit être fatigué.

POUR LE SECOND ACTE

MÉHUL

Il pourra paraître singulier à beaucoup de gens que l’on s’avise, en 1852, d’écrire en France une biographie de Méhul. Comment, dira-t-on, les Français sont-ils à ce point oublieux