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derniers jours exempts de souffrances physiques. Schindler aurait dû se dire que le génie de Beethoven régnait sans rival dans le style symphonique libre ; que là il n’avait à imiter personne ; que le style sévère était au contraire tout au plus pour lui une barrière à sauter ; qu’il n’y était point chez lui. L’ouverture ne produisit aucun effet, on la dit inexécutable, ce qu’elle est peut-être. »

Elle est difficile, répondrai-je à M. de Lenz, mais très-exécutable par un puissant orchestre. Grâce aux nombreuses saillies du style de Beethoven qui se font sentir sous le gros tissu de l’imitation hændelienne, la coda tout entière et une foule de passages émeuvent et entrainent l’auditeur, quand ils sont bien rendus. J’ai dirigé deux exécutions de cette ouverture ; la première eut lieu au Conservatoire avec un orchestre de première force. On y trouva le style des ouvertures de Hændel si mal reproduit qu’elle fut applaudie avec transport. Dix ans après, médiocrement exécutée par un orchestre trop faible, elle fut jugée sévèrement ; on avoua que le style de Hændel y était parfaitement imité.

M. de Lenz rapporte ici la conversation de Beethoven avec Schindler à ce sujet : Wie kommen Sie wieder auf die alte Geschichte ? etc. (Il parle gallois.)

Dans cette revue minutieuse et intelligente des œuvres du grand compositeur, l’histoire des attentats commis sur elles devait naturellement trouver place ; elle y est en effet, mais fort incomplète. M. de Lenz, qui traite si rudement les correcteurs de Beethoven, qui les bafoue, qui les flagelle, n’a pas connu le quart de leurs méfaits. Il faut avoir vécu longtemps à Paris et à Londres pour savoir jusqu’où ils ont porté leurs ravages.

Quant à la prétendue faute de gravure que M. de Lenz croit exister dans le scherzo de la symphonie en ut mineur, et qui consisterait, au dire des critiques qui soutiennent la même thèse, dans la répétition inopportune de deux mesures du thème lors de sa réapparition dans le milieu du morceau, voici ce que je puis dire : D’abord il n’y a pas répétition exacte des quatre notes ut mi ré fa dont le dessin mélodique