Page:Berlioz - Les Soirées de l’orchestre, 1854.djvu/362

Cette page n’a pas encore été corrigée

fait de livres vendus on ne compte plus que par dizaines. — Des ennemis ! moi ! allons donc, flatteur !… Non je n’ai pas d’ennemis ; pas un seul, entendez-vous. Mais puisque vous êtes aujourd’hui en proie à cette singulière envie de me tirer démesurément, faites comme si j’en avais beaucoup, et tirez mon livre tant qu’il vous plaira ; tirez, tirez, on en mettra partout. »

Ces derniers mots rappellent d’une façon assez malencontreuse un vers célèbre de la scène des petits chiens dans la comédie des Plaideurs. C’est une bagatelle. Continuons. C’est-à-dire, non, ne continuons pas. Reproduisons sur-le-champ, au contraire, la lettre de mon ami Corsino, tâchons de me bien justifier des griefs qui m’y sont reprochés, et aidons, par ma réponse, lui et ses confrères, à conjurer le pressant danger musical qu’un méchant compositeur va leur faire courir. A L’AUTEUR DES SOIRÉES DE L’ORCHESTRE

A PARIS

Cher Monsieur,

Les artistes de la ville civilisée ont reçu votre livre. Quelques-uns même l’ont lu. Et voici en résumé ce qu’ils en pensent.

Ces messieurs trouvent que les musiciens de notre orchestre figurent dans votre ouvrage d’une manière peu honorable pour eux. Ils prétendent que vous avez commis un inqualifiable abus de confiance en faisant connaître au public leurs faits et gestes, leurs conversations, leurs mauvaises plaisanteries, et surtout les libertés qu’ils prennent avec les œuvres et les virtuoses médiocres. Franchement, vous les traitez un peu sans façons. Ils ne croyaient pas être si forts de vos amis.