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et le bâton conducteur, pour indiquer aux exécutants qu’il s’agit de faire entendre, fort ou doux, tel ou tel accord suivi de telle ou telle cadence ou modulation, d’exécuter tel ou tel morceau classique tous ensemble, ou en petite masse, ou en crescendo, les divers groupes entrant alors successivement.

Quand il s’agit d’exécuter quelque grande composition nouvelle, chaque partie est étudiée isolément pendant trois ou quatre jours ; puis l’orgue annonce les réunions au cirque de toutes les voix d’abord. Là, sous la direction des maîtres de chant, elles se font entendre par centuries formant chacune un chœur complet. Alors les points de respiration sont indiqués et placés de façon qu’il n’y ait jamais plus d’un quart de la masse chantante qui respire au même endroit, et que l’émission de voix du grand ensemble n’éprouve aucune interruption sensible.

L’exécution est étudiée, en premier lieu, sous le rapport de la fidélité littérale, puis sous celui des grandes nuances, et enfin sous celui du style et de l’expression.

Tout mouvement du corps indiquant le rhythme pendant le chant est sévèrement interdit aux choristes. On les exerce encore au silence, au silence absolu et si profond, que trois mille choristes euphoniens réunis dans le cirque, ou dans tout autre local sonore, laisseraient entendre le bourdonnement d’un insecte, et pourraient faire croire à un aveugle placé au milieu d’eux qu’il est entièrement seul. Ils sont parvenus à compter ainsi des centaines de pauses, et à attaquer un accord de toute la masse après ce long silence, sans qu’un seul chanteur manque son entrée.

Un travail analogue se fait aux répétitions de l’orchestre ; aucune partie n’est admise à figurer dans un ensemble avant d’avoir été entendue et sévèrement examinée isolément par les préfets. L’orchestre entier travaille ensuite seul ; et enfin la réunion des deux masses vocale et instrumentale s’opère quand les divers préfets ont déclaré qu’elles étaient suffisamment exercées.

Le grand ensemble subit alors la critique de l’auteur, qui l’écoute du haut de l’amphithéâtre que doit occuper le