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acceptés. Je ne suis pas chargée de refaire le monde. Pourquoi est-il parti ? Un homme qui aime bien ne doit jamais quitter sa maîtresse ; il ne doit voir qu’elle au monde, et compter tout le reste pour rien.

FANNY (entrant).

Madame, voici vos journaux et deux lettres.

MINA (ouvrant un journal).

Voyons !… Ah ! la fête de Gluck à Euphonia dans huit jours ! j’y veux aller, j’y chanterai. (Lisant.) « L’hymne composé par Shetland occupe toute la ville, est le sujet de toutes les conversations. On n’a jamais encore, pensons-nous, exprimé plus magnifiquement un plus noble enthousiasme. Shetland est un homme à part, un homme différent des autres hommes par son génie, par son caractère, par le mystère de sa vie. » Fanny, appelez ma mère.

FANNY (en sortant).

Madame, vous ne lisez pas vos lettres ; je crois qu’il y en a une de votre fiancé, M. Xilef.

MINA (seule).

Mon fiancé ! le drôle de mot. Ah ! que c’est ridicule un fiancé ! Mais il peut aussi m’appeler sa fiancée ! je suis donc ridicule ! Sotte fille, avec ses termes grotesques ! Tout cela me déplaît, me crispe, m’exaspère………..... Elle n’a que trop bien deviné. Oui, cette lettre est de mon fidèle Xilef. C’est cela… des reproches… ses souffrances… son amour……….... toujours la même chanson… Jeune homme ! tu m’obsèdes. Décidément, mon pauvre Xilef, te voilà flambé ! Eh ! au fait, ils sont insupportables ces êtres éternellement passionnés ! Qui est-ce qui les prie d’être constants ?… qui l’a prié de m’adorer ?… qui ?… eh ! mais, c’est moi, ce me semble ; il n’y songeait pas. Et maintenant qu’il a perdu pour moi le repos de sa vie (phrase de romans) c’est un peu leste de le planter là ! Oui, mais… on ne vit qu’une fois.

Voyons l’autre missive ! (Riant). Ah ! ah ! voilà une épître