Page:Berlioz - Les Soirées de l’orchestre, 1854.djvu/296

Cette page n’a pas encore été corrigée

bourdonner un la pendant des heures entières, et ceux qui aiment cette note en avaient largement pour leur argent. La collection des instruments orientaux de l’Exposition contenait encore des flûtes traversières exactement pareilles à celle du maître de musique de la small footed Lady ; une trompette énorme et grossièrement exécutée, sur un patron qui n’offre avec celui des trompettes européennes que d’insignifiantes différences ; plusieurs instruments à archet aussi stupidement abominables que celui dont se servait sur la jonque le démon chinois dont je vous ai parlé ; une espèce de tympanon dont les cordes tendues sur une longue caisse paraissent devoir être frappées par des baguettes ; une ridicule petite harpe à dix ou douze cordes, attachées au corps de l’instrument sans clefs pour les tendre, et qui doivent en conséquence se trouver constamment en relations discordantes ; et enfin une grande roue chargée de gongs ou tam-tams de petites dimensions, dont le bruit, quand elle est mise en mouvement, a le même charme que celui des gros grelots attachés sur le cou et la tête des chevaux de rouliers. Admirez cet arsenal ! ! Je conclus pour finir, que les Chinois et les Indiens auraient une musique semblable à la nôtre, s’ils en avaient une ; mais qu’ils sont encore à cet égard plongés dans les ténèbres les plus profondes de la barbarie et dans une ignorance enfantine où se décèlent à peine quelques vagues et impuissants instincts ; que, de plus, les Orientaux appellent musique ce que nous nommons charivari, et que pour eux, comme pour les sorcières de Macbeth, l’horrible est le beau.