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subordination des élèves et des artistes ; c’est une grande volonté, sinon du gouvernement, au moins des classes riches, d’atteindre le but après en avoir compris la beauté, et, par suite, c’est enfin l’argent qui manquerait, et l’entreprise croulerait par sa base. Nous n’avons qu’à rappeler, pour comparer une petite chose à une immense, la triste fin de Choron, qui, avec de faibles ressources, avait déjà obtenu de si importants résultats dans son institution de musique chorale, et qui mourut de chagrin quand, par économie, le gouvernement de Juillet la supprima.

Et pourtant, au moyen de trois ou quatre établissements qu’il serait aisé de fonder chez nous, qui pourrait, dans un certain nombre d’années, nous empêcher de donner à Paris un exemple en petit, mais perfectionné, de la fête musicale anglaise ? Nous n’avons pas l’église de Saint-Paul, il est vrai, mais nous avons le Panthéon, qui offre, sinon des dimensions, au moins des dispositions intérieures à peu près semblables. Le nombre des exécutants et celui des auditeurs serait moins colossal ; mais l’édifice étant aussi moins vaste, l’effet pourrait être encore fort extraordinaire.

Admettons que le plan incliné, partant du haut de la porte centrale du Panthéon, ne pût contenir que cinq mille auditeurs : une pareille assemblée est encore assez respectable, et me paraît représenter largement cette partie de la population de Paris qui possède l’intelligence et le sentiment de l’art. Supposez maintenant que sur les amphithéâtres, au lieu de six mille cinq cents enfants ignorants, nous ayons mille cinq cents enfants musiciens ; cinq cents femmes musiciennes et armées de véritables voix ; de plus, deux mille hommes suffisamment doués par la nature et l’éducation ; admettez aussi qu’au lieu de donner au public le fond central de l’hexagone, sous la coupole, on y place un petit orchestre de trois ou quatre cents instrumentistes, et qu’à cette masse bien exercée de quatre mille trois cents musiciens soit confiée l’exécution d’une belle œuvre, écrite dans le style convenable à de pareils moyens, sur un sujet où la grandeur est unie à la noblesse, où se retrouve vibrante l’expression de toutes