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manière à produire un grotesque mélange. Il s’agit d’un jeune homme qu’on veut retenir en otage pour dettes.

ALBERT.

Grand Dieu !

RODOLPHE.

C’est juste, et, gage précieux, La loi veut qu’il demeure en otage en ces lieux.

Zila se désole, Albert la console, mais le temps s’envole, ah ! que devenir ! Rodolphe l’invite à prendre pour gîte son château. Bien vite, Albert, il faut fuir. Allons, vieux juif, face de suif, prête à ce jeune homme une forte somme ; il t’offre en garantie sa liberté, sa vie. Il signe, es-tu content ? — Oui, voilà de l’argent. — Maintenant je l’emmène ; aubergiste inhumaine ! je ne vous dois plus rien ! Viens, mon amour, mon bien ! — Ah çà ! mais, dit le comte, ce jeune gars m’affronte, il faut que je le dompte, ou je perdrai mon nom. Viens ça, fils d’Isaac, et tire de ton sac le billet de ce drôle. Il me le faut ? — Comment ? sans gain ? — Sur ma parole, tu gagnes cent pour cent.

RODOLPHE.

Ah ! la bonne affaire Que j’ai faite là ! (Montrant Albert.) Ce billet, j’espère, M’en délivrera. Oui, par mon adresse, J’aurai racheté Se jeune maîtresse Ou sa liberté.

MOI

« Vous trouvez cela atroce, mon cher Corsino ; il n’y a pas même une arrière-pensée malicieuse là-dedans. C’est l’entraînement du rhythme qui m’a fait écrire-ainsi. A l’inverse du Bourgeois de Molière, j’ai fait de la poésie sans le savoir. Après avoir entendu un orgue de Barbarie vous jouer le même air pendant une heure, ne finissez-vous pas par chanter cet air malgré vous, si laid qu’il soit ? Il est dès lors tout