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monte, il frappe d’une main tremblante ; un colosse vient lui ouvrir. Le hasard veut que Lablache, qui habite avec son gendre Thalberg, sorte à l’instant même. — Qui demandez-vous, monsieur, dit à l’étranger l’illustre chanteur ? — Je demande le général Tom-Pouce. — C’est moi, monsieur, réplique Lablache avec un foudroyant aplomb et de sa voix la plus formidable. — Mais… comment… on m’avait dit que le général n’était pas plus haut que mon genou, et que sa voix charmante… ressemblait… à celle… des… cigales. Je ne reconnais pas… — Vous ne reconnaissez pas Tom-Pouce ? c’est pourtant moi, monsieur, qui ai l’honneur d’être cet artiste fameux. Ma taille et ma voix sont bien ce qu’on vous a dit ; elles sont ainsi en public, mais vous comprenez que quand je suis chez moi je me mets à mon aise. »

Là-dessus, Lablache de s’éloigner majestueusement, et l’amateur de rester ébahi, rouge d’orgueil et de joie d’avoir vu le général Tom-Pouce en particulier et dans son entier développement.

« Ceci, Messieurs, vaut bien Notre enchanteur Merlin, Et c’est plus vraisemblable. »

Corsino se levant : « J’étais sûr qu’il finirait par une pointe ! Avec un vers de plus, nous recevions un quatrain en plein visage. Décidément, Schmidt, tu étais né pour faire des vaudevilles… allemands.