Page:Berlioz - Les Soirées de l’orchestre, 1854.djvu/184

Cette page n’a pas encore été corrigée

Conservatoire napolitain. C’est ici qu’il conviendrait d’éclaircir la question qui se présente tout naturellement : Quel fut son maître ?… Les uns lui ont donné le père Martini, qui était mort avant l’entrée de Spontini au Conservatoire, et je crois même avant que celui-ci fût né ; d’autres, un nommé Baroni, qu’il aurait pu connaître à Rome ; ceux-ci ont fait honneur de son éducation musicale à Sala, à Traetta, et même à Cimarosa.

Je n’ai pas eu la curiosité d’interroger Spontini à ce sujet, et il n’a jamais jugé à propos de m’en entretenir. Mais j’ai pu clairement reconnaître et recueillir comme un aveu dans ses conversations, que les vrais maîtres de l’auteur de la Vestale, de Cortez et d’Olympie furent les chefs-d’œuvre de Gluck, qui lui apparurent pour la première fois à son arrivée à Paris en 1803, et qu’il étudia aussitôt avec passion. Quant à l’auteur des nombreux opéras italiens dont nous donnerons tout à l’heure la nomenclature, je crois qu’il importe assez peu de savoir quel professeur lui avait appris la manière de les confectionner. Les us et coutumes des théâtres lyriques italiens de ce temps y sont fidèlement observés, et le premier venu des musicastres de son pays a pu aisément lui donner une formule qui, déjà à cette époque, était le secret de la comédie. Pour ne parler que de Spontini le Grand, je crois que non-seulement Gluck, mais aussi Méhul, qui déjà avait écrit son admirable Euphrosine, et Cherubini par ses premiers opéras français, ont dû développer en lui le germe demeuré latent de ses facultés dramatiques, et en hâter le magnifique développement.

Je ne trouve dans ses œuvres, au contraire, aucune trace de l’influence qu’auraient pu exercer sur lui, au point de vue purement musical, les maîtres allemands, Haydn, Mozart et Beethoven. Ce dernier même était à peine connu de nom en France quand Spontini y arriva, et la Vestale et Cortez brillaient déjà depuis longtemps sur la scène de l’Opéra de Paris, quand leur auteur visita l’Allemagne pour la première fois. Non, c’est l’instinct seul de Spontini qui le guida et lui fit soudainement découvrir dans l’emploi des masses vocales et