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processions, des orgies de prêtres et de femmes nues, le bœuf Apis, une foule de veaux, des chouettes, des chauves-souris, les cinq cents diables de l’enfer, en veux-tu, en voilà, le tremblement général, la fin du monde… mêlés par-ci par-là de quelques fades cavatines et de beaucoup de claqueurs. Et le pauvre public, abasourdi au milieu d’un tel cataclysme, a fini par ouvrir de grands yeux, une bouche immense, par rester éveillé en effet, mais muet, se regardant comme vaincu, sans espoir de revanche, et obligé de donner sa démission.

Aussi à cette heure, éreinté, brisé, rompu, après une mêlée pareille, comme Sancho après le siège de Barataria, s’épanouit-il de bonheur aussitôt qu’on a l’air de vouloir lui procurer le moindre plaisir tranquille. Il boit avec délices un morceau de musique rafraîchissant, il s’en délecte, il l’aspire. Oui, on l’a maté à ce point, qu’il ne songe pas même à se plaindre du terrible régime auquel il a été mis. On lui servirait, en un festin, de la soupe au savon, des écrevisses vivantes, un rôti de corbeaux, une crème au gingembre, que si, parmi tant de ragoûts atroces, il trouvait seulement un pauvre petit morceau de sucre d’orge à sucer, il s’en délecterait et dirait en pourléchant ses lèvres : « Notre hôte est magnifique, bravo ! je suis plus que content ! » Maintenant, voici le bon côté de la chose : la soumission du public devenue évidente, comme elle l’est, ses erreurs de jugement n’étant plus à craindre, puisqu’il ne juge plus, les auteurs se sont décidés tous, dit-on, à risquer le paquet, et à ne plus produire que des chefs-d’œuvre. — Bonne idée ! s’écrie Corsino, il y a longtemps que nous appelions ce coup d’État de tous — nos vœux ! Néanmoins, ce serait dommage qu’on donnât trop de chefs-d’œuvre à l’Opéra ; il faut espérer que les auteurs se montreront raisonnables et mettront de justes bornes à leur fécondité inspirée. On a déjà, dans ce théâtre, assez abîmé de belles partitions. Après les quatre ou cinq premières représentations, dès que l’influence de l’auteur n’agit plus directement sur ses interprètes, l’exécution va trop souvent du médiocre au pire, pour les œuvres soignées surtout. Ce n’est