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soldats de César ; ils doivent alors prendre l’air attendri, et laisser échapper, avec quelques larmes, un murmure approbateur.

Voilà, messieurs, tout ce que je puis vous dire sur les hommes et les femmes illustres de la ville de Rome. Je n’ai pas vécu assez longtemps parmi eux pour en savoir davantage. Excusez les fautes de l’historien.

L’amateur des stalles me remercie avec effusion ; il n’a pas perdu un mot de mon récit, et je l’ai vu prendre furtivement des notes. On éteint le gaz, nous partons. En descendant l’escalier : « Vous ne savez pas quel est ce curieux qui vous a questionné sur les Romains, me dit Dimsky d’un air de mystère ? — Non. — C’est le directeur du théâtre de *** ; soyez sûr qu’il va profiter de tout ce qu’il a entendu ce soir et fonder chez lui une institution semblable à celle de Paris. — Très-bien ! en ce cas, je suis fâché de ne l’avoir pas averti d’un fait assez important. Les directeurs de l’Opéra, de l’Opéra-Comique et du Théâtre-Français, de Paris, se sont associés pour fonder un Conservatoire de claque, et notre curieux, afin de placer à la tête de son institution un homme exercé, un tacticien, un César véritable, ou tout ou moins un jeune Octave, pourrait engager l’élève de ce Conservatoire qui vient d’obtenir le premier prix. — Je lui écrirai cela, je le connais. — Vous ferez bien, mon cher Dimsky. — Soignons notre art, et veillons au salut de l’empire. Bonsoir ! »