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contre nous : grandes affiches, innombrables programmes, réclames dans tous les journaux du département, annonces en permanence sur tous les bateaux à vapeur de la Saône et du Rhône, invitations adressées aux académies de chant et à tous les amateurs habiles de Lyon, aux Sociétés philharmoniques de Dijon, de Châlons, et de Grenoble où il n’y en pas, volées de toutes les cloches et de tous les canons, départ d’un ballon lumineux, tir d’un feu d’artifice au moment de mon débarquement sur le quai Saint-Clair, les prédicateurs de toutes les églises me recommandant au prône à leurs ouailles, etc., etc. En lisant ce glorieux petit projet, Georges, qui passe à bon droit pour un des plus savants et des plus hardis hâbleurs du Lyonnais et même du Dauphiné, fut ébloui, les oreilles lui tintèrent, son orgueil fut atteint au cœur, et tendant ma lettre au régisseur et au caissier du Grand-Théâtre : « Ma foi, dit-il, je m’avoue vaincu ; celui-ci est plus fort que moi ! » Il ne se découragea point néanmoins, et mes instructions furent suivies ponctuellement ; à l’exception des sonneries de cloches, des volées de canons, de l’ascension aérostatique, de l’explosion pyrotechnique et des prédications catholiques. Ce complément du programme n’était pourtant point inexécutable, la suite l’a bien prouvé ; car Jenny Lind, il y a deux ans, non seulement fut reçue à Norwich avec de pareils honneurs, mais l’évêque de cette cité vint au-devant d’elle, lui offrit un appartement chez lui, et déclara en chaire que, depuis qu’il avait entendu la su-