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— Vous avez dû prononcer un fameux discours ce soir-là ?

— Non, je n’ai rien dit, je n’ai pas pris parole. J’aurais parlé, voyez-vous, et ferme, si David il était Français ; mais c’est un pays a nous, il est de la Provence, et nous n’avons pas voulu lui faire de la peine ; quoique ce soit un peu fort d’annoncer une marche de caravane sans un chameau. »

Après un instant de silence de mon orateur, le hasard m’ayant fait toucher sa trompette qui roulait sur l’impériale de la voiture :

« — Eh ! reprit-il, ça vous connaît ?

— Comment ! pourquoi pensez-vous que les trompettes me connaissent ?

— Farceur ! croyez-vous que je ne sais pas que c’est vous qu’il donne ces grands concerts dont tout le monde il parle ?

— Ah ! comment le savez-vous ?

— Parbleu ! c’est M. le conducteur, qu’il est un amateur, qu’il est allé au théâtre, qu’il me l’a dit.

— Eh bien ! puisqu’on parle de mes concerts, qu’en dit-on ? Mettez-moi un peu au courant des conversations, vous qui savez tout.

— Oh ! je les ai bien écoutées, l’autre soir, quand les Trotebas ils vous ont donné une sérénade. La rue de Paradis était si pleine jusqu’à la Bourse, que nous demandions tous s’il y avait une vente de café extraordinaire, ou si monseigneur l’archevêque il donnait sa bénédiction. Pas du tout ; c’était à vous qu’on faisait