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Adieu, conservez dans votre âme
Le souvenir de notre ardeur,


et brillante aussi de virtuosité dans la piquante sicilienne de Verdi ; grands applaudissements pour MM. Gremminger et Eberius, du théâtre de Carlsruhe ; la scène d’Orphée largement rendue ; l’adagio de la symphonie en si bémol de Beethoven purement et poétiquement chanté par l’orchestre. Cela gonfle le cœur ; douleur de ne pouvoir exprimer ce qu’on sent. C’est de la musique d’une sphère supérieure. Beethoven est un Titan, un Archange, un Trône, une Domination. Vu du haut de son œuvre, tout le reste du monde musical semble lilliputien… Il a pu, il a dû même paraphraser l’apostrophe de l’Évangile, et dire : « Hommes, qu’y a-t-il de commun entre vous et moi ? »

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Le lendemain, recrudescence d’une gastralgie ramenée par diverses causes où l’excès de la fatigue entre pour beaucoup. Confiant, non sans raison, dans l’efficacité des eaux de Plombières, je vais encore une fois leur demander un soulagement qui ne se fait pas attendre.

Mais quel changement ! on n’est plus contraint, à la table d’hôte, à manger de côté ; plus de crinolines, la grosse comtesse du Kremlin s’est décidément envolée ; plus d’uniformes, de musique militaire, plus de célébrités, plus d’autorités ; les guirlandes de feuillage ont disparu ; les alexandrins de Mlle Dorothée n’ont plus qu’onze