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flottent par l’autre dans le courant, en serpentant comme des anguilles. C’est fort laid. M. Prud’homme, extrêmement intrigué par ces vilains objets, m’a demandé un matin ce qui pouvait en causer la présence dans l’Eau-grogne.

« — Ne savez-vous donc pas, mon cher monsieur, que les eaux de Plombières sont excellentes pour la cure des maladies intestinales ? Le médecin, inspecteur des eaux, M. Sibille…

— Pardon si je vous interromps, je voulais justement vous demander quelques renseignements sur M. l’inspecteur Sibille ; c’est un savant médecin, on le proclame tel ?

— Oui, et en outre un homme d’esprit, d’une bonté parfaite, ce qui est plus rare. Bien différent des autres médecins, à qui il faut des malades de choix, des gens robustes, vigoureux, bien portants, il consent à soigner de vrais malades, et même les plus faibles, les malingres, les désespérés, et en très-peu de temps il vous les rend à la santé.

— D’où est-il, s’il vous plaît ?

— Parbleu, d’où voulez-vous qu’il soit, sinon de Cumes en Italie ? Sa famille est très-ancienne ; elle était célèbre déjà dans Rome au siècle d’Auguste, et Virgile parle des Sibilles de Cumes en maint endroit de ses poëmes.

— Très-bien. Reprenons l’historique des maladies intestinales.

— M. le docteur Sibille donc a fait ce raisonnement