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voûte céleste ; il monte en chantant vers l’astre ; il nage dans l’éther ; on comprend son bonheur démesuré, on le partage ; il monte, monte, monte en chantant toujours ; sa voix triomphante s’affaiblit peu à peu, mais on sent bien qu’elle a conservé sa force, que la distance seule en adoucit l’éclat ; il monte encore, encore, il disparaît… on l’entend toujours ; jusqu’à ce que, perdu dans l’azur du ciel, épuisé d’enthousiasme, ivre de liberté, d’air pur, de mélodie et de lumière, il ferme audacieusement ses ailes, et, d’une hauteur immense, se laisse tomber droit sur son nid, où sa femelle et ses petits, reconnaissants de ses douces chansons, le raniment par leurs caresses.

… Nous écoutions tous les trois… ; nous écoutions encore, que l’oiseau Pindare, rentré dans son cher nid, avait fini sa dernière strophe, et murmurait sans doute à sa famille des accents intimes que notre grossière oreille ne pouvait saisir. Mais nous étions tout à fait égarés et un peu inquiets des jeunes crinolines. Par bonheur, nous réveillâmes en passant une vieille femme qui dormait bravement au soleil dans un fossé : elle s’offrit à nous conduire à travers champs. À peine l’eûmes-nous acceptée pour guide, que la vieille nous mit sur le chapitre de l’Empereur, nous demanda si nous l’avions vu, si nous le connaissions, etc.

— Ah ! c’est que j’ l’ connais ben, moi, continua-t-elle. L’autre jou, y passait par ici, comme vous, pour aller chez mam’zelle Dorothée ; des gens du val d’Ajol vinrent l’attendre là-bas au coin d’ ce bois. Y avait un