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À ses parents



Rome, 21 juin 1831.

Adèle me dit dans sa dernière lettre que j’ai trouvée ici à mon arrivée : « Nanci t’écrira dans deux jours », et cette lettre n’arrive pas. J’ai répondu à Adèle le 6 juin, et depuis ce temps, tous les jours de courrier sont autant de désappointements. Ne m’annoncez donc jamais des lettres quand vous ne devez pas les écrire, c’est un supplice de voir des séries d’attentes trompées.

Je pense que tout va bien à la maison et que Nanci a seulement voulu recevoir la nouvelle de ma rentrée à la caserne. Ô mille fois maudit pays ! Mais j’en sortirai bientôt, dans huit jours au plus je décampe et je vais m’installer à Tivoli. J’y suis allé samedi dernier, à pied, à deux heures après-midi, au milieu de la poussière brûlante ; nous étions deux ; arrivés aux trois quarts du chemin, nous n’en pouvions plus et nous sommes montés dans une voiture qui passait. Il y a six lieues de Rome à Tivoli. Nous sommes arrivés le soir à huit heures et demie, et le lendemain, à quatre heures du matin, nous avons commencé à courir. Je n’ai jamais rien vu de si délicieusement beau. Ces cascades, ces nuages de poudre d’eau, ces gouffres fumants, cette