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LE RETOUR A LA VIE.
MÉLOLOGUE.

L’ARTISTE, encore faible et chancelant.

Dieu ! je vis encore……… Il est donc vrai, la vie comme un serpent s’est glissée dans mon cœur pour le déchirer de nouveau……… Mais si ce perfide poison a trompé mon désespoir, comment ai-je pu résister à un pareil songe ?… Comment n’ai-je pas été brisé par les étreintes horribles de la main de fer qui m’avait saisi ?… Ce supplice, ces juges, ces bourreaux, ces soldats, les clameurs de cette populace, ces pas graves et cadencés, tombant sur mon cœur comme des marteaux de cyclopes……

La voir, l’entendre, elle ! elle !… environnée d’êtres infâmes, souillée de leurs caresses et souriant à sa propre flétrissure ; sa danse sans pudeur, sa voix de bacchante dominant les cris de l’orgie ; puis ces cloches, cet ironique chant de mort, religieux et impie, funèbre et burlesque, emprunts à l’église par l’enfer pour une insultante parodie !… Et encore elle, toujours elle, avec son inexplicable sourire, conduisant la ronde infernale autour de mon tombeau.

Quelle nuit !… Au milieu de ces tortures, j’ai dû pousser des cris ; Horatio m’aurait-il entendu ?… Non ; voilà encore la lettre d’adieux que je lui avais laissée ; s’il fût