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instruments à vent, et n’admettant pas que leur partie puisse être écrite au-dessous de celles des Clarinettes ou des Hautbois, transposent fréquemment des passages entiers à l’octave supérieure. Le chef, s’il ne lit pas bien la partition, s’il ne connaît pas parfaitement l’ouvrage qu’il dirige, ou si son oreille manque de finesse, ne s’apercevra pas de cette étrange liberté prise par les Flûtistes. Il s’en présente maint exemple cependant, et l’on doit veiller à ce que ces exemples disparaissent tout à fait.

Il arrive partout (je ne dis pas dans quelques orchestres seulement), il arrive partout, je le répète, que les violonistes chargés, on le sait, d’exécuter à dix, à quinze, à vingt, la même partie à l’unisson, ne comptent pas leur mesure de silence, par paresse toujours, et se reposent de ce soin les uns sur les autres. D’où il suit qu’il en rentre à peine la moitié au moment opportun, pendant que les autres tiennent encore leur instrument sous le bras gauche et regardent en l’air ; la rentrée est alors affaiblie, sinon totalement manquée. J’appelle sur cette insupportable habitude l’attention et la sévérité des chefs d’orchestre. Elle est tellement enracinée néanmoins, qu’ils ne viendront à bout de l’extirper qu’en rendant un grand nombre de violonistes solidaires de la faute d’un seul ; en mettant à l’amende, par exemple, ceux de tout un rang, si l’un d’entre eux a manqué son entrée. Quand cette amende ne serait que de trois francs, comme elle peut être infligée cinq ou six fois aux mêmes individus dans une séance, je réponds que chacun des violonistes comptera ses pauses et veillera à ce que son voisin en fasse autant.

Un orchestre dont les instruments ne sont pas d’accord isolément et entre eux est une monstruosité ; le chef mettra donc le plus grand soin à ce que les musiciens s’accordent. Mais cette opération ne doit pas se faire devant le public. De plus, toute rumeur instrumentale et tout prélude pendant les entr’actes, constituent une offense réelle faite aux auditeurs civilisés. On reconnaît la mauvaise éducation d’un