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du précieux instrument que j’essaie de décrire, son emploi présentait un inconvénient. Chaque fois que la touche de cuivre de mon pupitre subissait la pression de l’index de ma main gauche, elle venait frapper au dessous une autre plaque de cuivre ; malgré la délicatesse de ce contact, il en résultait un petit bruit sec qui, pendant les silences de l’orchestre, finissait par attirer l’attention des auditeurs au détriment de l’effet musical. Je fis remarquer ce défaut à M. Verbrugghe, qui remplaça la plaque de cuivre inférieure par le godet plein de mercure dont j’ai parlé plus haut, et dans lequel la protubérance supérieure s’introduit pour établir le courant électrique, sans produire le moindre bruit.

Il ne reste plus maintenant, inhérente à l’emploi de ce mécanisme, que la crépitation de l’étincelle au moment où elle se dégage ; crépitation trop faible pour être entendue du public.

Ce métronome est peu dispendieux à établir ; il coûte quatre cents francs au plus. Les grands théâtres lyriques, les églises et les salles de concerts, devraient en être pourvus depuis longtemps. L’utilité de cette invention de M. Verbrugghe est devenue si manifeste aux grands concerts que j’ai dirigés en 1855 dans le Palais de l’Exposition universelle de l’Industrie, concerts où plus de mille musiciens ont exécuté, même des morceaux d’un mouvement très vif, avec une étonnante précision et un ensemble irréprochable, que trois des théâtres lyriques de Paris (le Théâtre Italien, l’Opéra-Comique et le Théâtre Lyrique) se sont empressés d’acquérir chacun un métronome électrique.

Je n’ai pas tout dit encore sur ces dangereux auxiliaires qu’on nomme directeurs des chœurs. Il y en a très peu d’assez réellement aptes à conduire une exécution musicale pour que le chef d’orchestre puisse compter sur eux. Il ne saurait donc les surveiller d’assez près, quand il est obligé de subir leur collaboration. Les plus redoutables sont ceux que l’âge a dépourvus d’agilité et d’énergie. Le maintien de