le double trop vite. On pourrait multiplier indéfiniment les exemples de désastres pareils amenés, soit par l’ignorance ou l’incurie des chefs d’orchestre, soit par la difficulté réelle qu’il y a pour les hommes même les mieux doués et les plus soigneux, de découvrir le sens précis des termes italiens indicateurs des mouvements.
Sans doute personne ne sera embarrassé pour distinguer un Largo d’un Presto. Si le Presto est à deux temps, un conducteur un peu sagace, à l’inspection des traits et des dessins mélodiques que le morceau contient, arrivera même à trouver le degré de vitesse que l’auteur a voulu. Mais si le Largo est à quatre temps, d’un tissu mélodique simple, ne contenant qu’un petit nombre de notes dans chaque mesure, quel moyen aura le malheureux conducteur pour découvrir le mouvement vrai ? et de combien de manières ne pourra-t-il pas se tromper ? Les divers degrés de lenteur qu’on peut imprimer à l’exécution d’un pareil Largo sont très nombreux ; le sentiment individuel du chef d’orchestre sera dès lors le moteur unique ; et c’est du sentiment de l’auteur et non du sien qu’il s’agit. Les compositeurs doivent donc, dans leur œuvres, ne pas négliger les indications métronomiques, et les chefs d’orchestre sont tenus de les bien étudier. Négliger cette étude est, de la part de ces derniers, un acte d’improbité.
Maintenant je suppose le conducteur parfaitement instruit des mouvements de l’œuvre dont il va diriger l’exécution ou les études ; il veut donner aux musiciens placés sous ses ordres le sentiment rythmique qui est en lui, déterminer la durée de chaque mesure, et faire observer uniformément cette durée par tous les exécutants. Or, cette précision et cette uniformité ne s’établiront dans l’ensemble plus ou moins nombreux de l’orchestre et du chœur, qu’au moyen de certains signes faits par le chef.
Ces signes indiqueront les divisions principales, les temps de la mesure, et, dans beaucoup de cas, les subdivisions, les demi-temps. Je n’ai pas à expliquer ici ce qu’on entend