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Sublime, déchirant, pathétique !

Ah ! je n’en puis plus ; il faut que j’écrive ! À qui écrirai-je ? au génie ?… Non, je n’ose.

C’est à l’homme, c’est à Kreutzer… il se moquera de moi…, ça m’est égal… ; je mourrais… si je me taisais. Ah ! que ne puis-je le voir, lui parler, il m’entendroit, il verroit (sic) ce qui se passe dans mon âme déchirée ; peut-être il me rendroit le courage que j’ai perdu, en voyant l’insensibilité de ces gredins de ladres, qui sont à peine dignes d’entendre les pantalonnades de ce pantin de Rossini.

Si la plume ne me tombait des mains, je ne finirais pas.

AH ! GÉNIE !!!


III.

À M. FÉTIS, DIRECTEUR DE LA REVUE MUSICALE[1].

(16) mai 1828.
Monsieur le rédacteur,

Permettez-moi d’avoir recours à votre bienveillance et de réclamer l’assistance de votre journal pour me justifier aux yeux du public de plusieurs inculpations assez graves.

Le bruit s’est répandu dans le monde musical que j’allais donner un concert composé tout entier de ma musique et

  1. La Revue musicale, dirigée par M. Fétis, n’avait pas encore opéré sa fusion avec la Gazette musicale de Schlesinger, fondée, comme nous l’avons dit dans la notice, en 1834.