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n’est pas en mesure. Allons, il faut en prendre son parti, je n’y puis rien.

Je vois que tu deviens un virtuose, et le grand navire est un instrument dont tu joues tout à fait bien. Je te fais mon compliment. Mais il t’en faut un à toi (un navire). En conséquence, travaille toujours pour l’avoir ; mais, quand on te l’aura promis, n’y compte pas plus que si l’on ne t’avait rien dit. Il faut toujours dire comme Paul-Louis Courier : « Je crois que deux et deux font quatre et encore… n’en suis-je pas bien sûr. » Un avare disait aussi : « Si saint Pierre venait m’emprunter de l’argent en me donnant le Père éternel pour caution, je ne lui en prêterais pas. »

On annonce plusieurs morceaux de ma musique dans des concerts qui auront lieu cet hiver à Bruxelles. D’Ortigue a fait un grand article sur Rossini dans le Correspondant[1]. Cet écrit est fort sensé, fort juste, mais a blessé horriblement le prétendu philosophe compositeur. Un rossiniste a répondu à d’Ortigue, et Rossini a écrit à ce monsieur pour le remercier, en lui disant : « Je vous dois beaucoup pour avoir si bien lavé la tonsure de mon ami M. le curé d’Ortigue. »


CXXXIX.

AU MÊME.


Paris, 13 novembre 1865.

Cher ami,

Il est une heure. Je viens de recevoir ta lettre et j’y réponds avant de me recoucher. C’est que tu seras fort occupé

  1. Intitulé les Royautés musicales.