Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/284

Cette page n’a pas encore été corrigée


C.

À LOUIS BERLIOZ.


Paris, 21 novembre 1860.

Cher ami,

Je t’envoie ci-inclus un billet de cent francs dont tu m’acseras réception. Je suis bien heureux de savoir que tu vas mieux ; tes maux d’estomac m’inquiétaient. Il me semble aussi que ma maladie s’use, et, depuis que je ne fais plus de remèdes, je me sens beaucoup plus fort. J’ai tant travaillé, tous ces jours-ci, que cette distraction même a contribué à me remettre sur pied. Je ne puis suffire à écrire les morceaux de musique de mon petit opéra, tant ils se présentent avec empressement ; chacun veut passer le premier. Quelquefois j’en commence un avant que l’autre soit fini. À l’heure qu’il est, j’en ai écrit quatre, et il m’en reste cinq à faire. Tu me demandes comment j’ai pu réduire les cinq actes de Shakspeare en un seul acte d’Opéra-Comique. Je n’ai pris qu’une donnée de la pièce ; tout le reste est de mon invention. Il s’agit tout bonnement de persuader à Béatrice et à Bénédict (qui s’entre-détestent), qu’ils sont chacun amoureux l’un de l’autre et de leur inspirer par là l’un pour l’autre un véritable amour. C’est d’un excellent comique, tu verras. Il y a en outre des farces de mon invention et des charges musicales qu’il serait trop long de t’expliquer.