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toute cette charmante famille s’occuper de moi, de chagriner de tels amis a été plus fort. En arrivant à Paris, je n’ai fait que monter à la maison : je suis reparti immédiatement pour Saint-Germain, où Marie[1] m’attendait chez M. de la Roche. Le lendemain, je suis revenu seul, toujours torturé et préoccupé de quatre ou cinq corrections que j’avais en tête de faire dans le deuxième acte de ma partition des Troyens. J’ai travaillé à cela tout le reste du jour, jusqu’à onze heures. Le lendemain, Rocquemont est venu m’apporter le travail que je lui avais donné à faire pour la partition d’Orphée ; comme on attend le premier acte de cet ouvrage au Théâtre-Lyrique, j’ai dû me mettre à l’ouvrage encore sans désemparer, pour en corriger les fautes de copie. Puis sont revenues mes crises de larmes, mes convulsions de cœur… Et je ne pouvais t’écrire que des non-sens ou des choses qui t’eussent horriblement attristé. Ce soir, je suis un peu mieux. J’ai fini de mettre en ordre le premier acte d’Orphée ; Carvalho viendra le chercher demain matin. Il (Carvalho) est enthousiasmé de mon poème des Troyens, que je lui ai prêté. Il voudrait les monter à son théâtre ; mais comment faire ? il n’y a point de ténor pour Énée… Madame Viardot me propose de jouer à elle seule les deux rôles successivement ; la Cassandre des deux premiers actes deviendrait ainsi la Didon des trois derniers. Le public, je le crois, supporterait cette excentricité, qui n’est pas d’ailleurs sans précédent. Et mes deux rôles seraient joués d’une façon héroïque par cette grande artiste.

Ce serait pour l’année prochaine et dans un nouveau théâtre

  1. Sa seconde femme.