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c’est un important avantage pour lui. On ne réclame pas encore sa présence à Marseille ; mon avis est néanmoins qu’il doit s’y rendre d’avance pour ne s’exposer à aucun mécompte, se faire présenter à M. Acquarone, à ses chefs du bord, et tâcher de se faire employer même avant le départ. Il va d’ailleurs profiter du répit qu’on lui laisse pour passer quelques jours à Vienne chez ma sœur et faire une visite à mon oncle à Tournon. Je pense qu’à son arrivée à Marseille, il vous trouvera de retour de votre excursion à Aix. Dans le cas où son séjour se prolongerait chez vous, il est convenu que vous me permettrez de payer sa pension et que vous ne vous fâcherez pas. J’ai vu ces jours-ci M. de Rémusat qui m’a le premier appris la bonne nouvelle de la réception de Louis. Je crois qu’il assistait hier à l’inauguration de la petite salle de concerts (la salle Beethoven), que Bennet vient d’ouvrir au public. Géraldy donne un concert dans ce local demain, et je vois sur le programme un morceau de vous. Je suis plongé jusque par-dessus les yeux dans l’instrumentation de mon avant-dernier acte, et cela me grise… Lecourt, dans une de ses lettres, semble craindre que je n’aie choisi un mauvais sujet. Aurait-il conservé ce vieux préjugé contre les sujets antiques ?… Les sujets antiques sont redevenus neufs, à la condition pour les auteurs de ne pas les traiter à la façon lamentable de MM. de Marmontel, du Rollet et Guillard. Je crois que ce n’est pas le cas dans mon ouvrage. Je vous assure qu’il y a un mouvement, une variété de contrastes et une mise en scène extraordinaires. Et cela doit faire pardonner au sujet d’être beau par les sentiments et les passions, et la pensée poétique. J’ai mis au pillage Virgile et Shakspeare, et j’ai