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LXXVIII.

AU MÊME.


Paris, 9 janvier 1856.

Merci de toutes les choses amicales que vous me dites et des détails que vous me donnez sur le mouvement musical du centre où vous vivez. Il n’y a rien ici de nouveau ; l’Opéra ne varie pas plus son répertoire qu’il ne le variait autrefois.

Mais je le crois (l’Opéra) dans de graves embarras. Crosnier ne veut ni ne peut rien ; le directeur musical c’est Girard, qui fait tout ce qu’il veut et ne laisse rien faire que ce qu’il veut ; il a pour remplir cette dictature 18,000 francs d’appointements.

On vient de décorer Dietsch. Que vous dirai-je ? On donne un opéra nouveau tous les huit jours. Le Théâtre-Lyrique a été sur le point de fermer avant-hier ; il ne payait pas du tout. Il repaye un peu maintenant et compte, pour se sauver, sur un opéra de Clapisson. L’Opéra-Italien est en perte de 200,000 francs. L’Opéra-Comique seul, sans faire de brillantes affaires, se soutient passablement.

Tout cela n’est pas gai ; on ne voit que tripotages, platitudes, niaiseries, gredineries, gredins, niais, plats et tripoteurs.

Je me tiens toujours de plus en plus à l’écart de ce monde empoisonné d’empoisonneurs.