Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/232

Cette page n’a pas encore été corrigée

montrer à ma femme, car je voudrais pour beaucoup qu’il n’y eût pas d’ombres dans mon intérieur ; enfin, je laisse à ton cœur à te dicter ce que tu as à faire. J’ai vu l’amiral Cécile qui a reçu ta lettre. Il m’a appris qu’avant l’expiration de tes trois ans de navigation sur un vaisseau de l’État, tu ne pouvais entrer dans la marine militaire ; mais que c’était de droit, si tu le voulais, après cette époque ; qu’alors tu serais admis comme sergent d’armes ou comme second chef de timonerie. Je suis dans tous les embarras et ennuis des préparatifs d’un concert pour faire entendre une première fois mon nouvel ouvrage l’Enfance du Christ. Il surgit, comme je m’y attendais, des difficultés qui peut-être seront insurmontables ; car je ne veux point risquer d’argent. À propos d’argent, j’en ai mis de côté, que j’ai à te remettre en partie pour tes dépenses. J’ai aussi une malle contenant divers objets dont tu ne peux faire usage dans ta position ; elle est fermée et porte ton nom comme t’appartenant. Je t’en prie, si tu reçois cette lettre, écris-moi aussitôt.

Je t’embrasse de toute mon âme ; mon affection pour toi semble redoubler. Ton admission comme suppléant du lieutenant à bord du La Place a produit le meilleur effet, et, de plus, diverses personnes (entre autres un rédacteur correspondant du Moniteur) qui t’ont vu, ont parlé de toi à l’amiral et à mon ami Raymond avec de grands éloges. Je te remercie.

Adieu, cher fils ami, cher Louis ! aime-moi comme je t’aime.