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LIV.

À LOUIS BERLIOZ.


Londres, lundi 3 mai [1852].

Tu me dis que tu deviens fou ! Tu l’es.

Il faut être fou ou imbécile pour m’écrire de pareilles lettres : il ne me manquait que cela au milieu des fatigues de jour et de nuit que j’ai à endurer ici. Dans ta dernière lettre de la Havane, tu m’annonces que tu arriveras avec cent francs et maintenant tu en dois quarante !!! qui est-ce qui t’a dit de payer 15 francs pour l’entrée d’un paquet de cigares ? ne pouvais-tu les jeter à la mer ?

Voici la moitié d’un billet de banque de cent francs ; tu recevras l’autre moitié quand tu m’auras accusé réception de celle-ci. Tu les recolleras ensemble et chez un changeur on te donnera ton argent.

C’est une précaution usitée quand on met de l’argent à la poste. Maintenant j’écris à M. Cor et à M. Fouret pour savoir à quoi m’en tenir sur ton prochain départ. Tu penses bien que je ne fais pas le moindre cas des folies et des bêtises que tu me dis. Tu as commencé une carrière choisie par toi ; elle est très pénible, je le sais, mais le plus pénible est fait. Tu n’as plus qu’un voyage de cinq mois à achever, après quoi tu feras pendant six ton cours d’hydrographie dans un port français et tu pourras ensuite gagner ta vie.

Je travaille pour mettre de côté l’argent nécessaire pour ta dépense pendant ces six mois.