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(le premier), et beaucoup modifié et raccourci ; il y a des corrections très-importantes dans le scherzo, dans le grand finale et dans le récitatif mesuré du Père Laurence. Enfin, cela marche maintenant tout à fait bien, et je supprime entièrement la scène du Tombeau, qui ne te plaisait guère et qui fera toujours la même impression qu’à toi à beaucoup de gens. Mais l’adagio, de l’avis de tous, ici comme à Vienne, reste le meilleur morceau que j’aie encore écrit. Hier, à la répétition, celui-là et la Fête chez Capulet ont été furieusement applaudis, contre l’usage du pays, où l’on ne dit jamais le mot aux répétitions.

J’ai un très-bon Père Laurence (Stackaty), un Bohême, dont la voix est belle et le sentiment musical très-juste. Après la répétition, tous ces musiciens m’ont fait une surprise en m’invitant à un grand souper où l’on m’a offert une coupe de vermeil de la part des principaux artistes de Prague, avec force vivats, couronnes, applaudissements, discours (Liszt en a fait un vraiment superbe de chaleur et d’enthousiasme, dont les termes sont trop beaux pour que je te les répète ici). Puis, sont venus le prince de Rohan, notre compatriote, Dreyschok, le directeur du Conservatoire, les deux maîtres de chapelle du théâtre et de la cathédrale, les premiers critiques musicaux de la ville, etc. J’ai (parmi mes toasts) porté la santé de ces derniers que je n’avais pas encore vus, n’ayant pas fait une seule visite à la presse, en les remerciant de leur bienveillance que je méritais peu, puisqu’ils devaient me trouver au moins impoli à leur égard, mais je pensais leur faire honneur par ma grossièreté. Cette phrase les a fait tous prodigieusement rire et les a flattés quand ils l’ont eu comprise. Ceux de Vienne aiment