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truments et au caractère propre de la phrase, le résultat de cette agrégation de sons est excellent et d’une douceur remarquable. Nous ne pouvons nous dispenser de citer, avant de finir, un effet d’orchestre, celui de tous, peut-être, qui surprend le plus l’auditeur à l’exécution de ce final : c’est la note ut dièse attaquée très-fort par toute la masse instrumentale, à l’unisson et à l’octave, après un diminuendo qui est venu s’éteindre sur le ton d’ut naturel. Ce rugissement est immédiatement suivi, les deux premières fois, du retour du thème en fa ; et l’on comprend alors que l’ut dièze n’était qu’un ré bémol enharmonique, sixième note altérée du ton principal. La troisième apparition de cette étrange rentrée est d’un tout autre aspect ; l’orchestre, après avoir modulé en ut, comme précédemment, frappe un véritable ré bémol suivi d’un fragment du thème en ré bémol, puis un véritable ut dièse, auquel succède une autre parcelle du thème en ut dièze mineur ; reprenant enfin ce même ut dièze, et le répétant trois fois avec un redoublement de force, le thème rentre tout entier en fa dièse mineur. Le son qui avait figuré au commencement comme une sixte mineure devient donc successivement, la dernière fois, tonique majeure bémolisée, tonique mineure diésée, et enfin dominante.

C’est fort curieux.


IX

SYMPHONIE AVEC CHŒURS

Analyser une pareille composition est une tâche difficile et dangereuse que nous avons longtemps hésité à entreprendre, une tentative téméraire dont l’excuse ne peut être que dans nos efforts persévérants pour nous mettre au point de vue de