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cèdent sans confusion et toujours d’une manière inattendue ; le chant est d’une solennité touchante qui, dès les premières mesures, impose le respect et prépare à l’émotion. Déjà le rhythme se montre plus hardi, l’orchestration plus riche, plus sonore et plus variée. À cet admirable adagio est lié un allegro con brio d’une verve entraînante. Le grupetto, qu’on rencontre dans la première mesure du thème proposé au début par les altos et les violoncelles à l’unisson, est repris isolément ensuite, pour établir, soit des progressions en crescendo, soit des imitations entre les instruments à vent et les instruments à cordes, qui toutes sont d’une physionomie aussi neuve qu’animée. Au milieu se trouve une mélodie exécutée, dans sa première moitié, par les clarinettes, les cors et les bassons, et terminée en tutti par le reste de l’orchestre, dont la mâle énergie est encore rehaussée par l’heureux choix des accords qui l’accompagnent. L’andante n’est point traité de la même manière que celui de la première symphonie ; il ne se compose pas d’un thème travaillé en imitations canoniques, mais bien d’un chant pur et candide, exposé d’abord simplement par le quatuor, puis brodé avec une rare élégance, au moyen de traits légers dont le caractère ne s’éloigne jamais du sentiment de tendresse qui forme le trait distinctif de l’idée principale. C’est la peinture ravissante d’un bonheur innocent à peine assombri par quelques rares accents de mélancolie. Le scherzo est aussi franchement gai dans sa capricieuse fantaisie, que l’andante a été complétement heureux et calme ; car tout est riant dans cette symphonie, les élans guerriers du premier allegro sont eux-mêmes tout à fait exempts de violence ; on n’y saurait voir que l’ardeur juvénile d’un noble cœur dans lequel se sont conservées intactes les plus belles illusions de la vie. L’auteur croit encore à la gloire immortelle, à l’amour, au dévouement… Aussi, quel abandon dans sa gaieté ! comme il est spirituel ! quelles saillies ? À entendre ces divers instruments qui se disputent des parcelles d’un motif qu’aucun d’eux n’exécute en entier, mais dont