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LES TEMPS SONT PROCHES


L’art musical est en bon train à cette heure à Paris. On va l’élever à une haute dignité. Il sera fait Mamamouchi. Voler far un paladina. Ioc ! Dar turbanta con galera. Ioc, Ioc ! Hou la ba, ba la chou, ba la ba, ba la da ! Puis madame Jourdain, la raison publique, viendra quand il n’en sera plus temps s’écrier : Hélas ! mon Dieu, il est devenu fou.

Heureusement il a quelquefois, quand on ne le mène pas au théâtre, des éclairs d’intelligence qui pourraient rassurer ses amis. Nous avons encore à Paris des concerts où l’on fait de la musique ; nous avons des virtuoses qui comprennent les chefs-d’œuvre et les exécutent dignement ; des auditeurs qui les écoutent avec respect et les adorent avec sincérité. Il faut se dire cela pour ne pas aller se jeter dans un puits la tête la première.

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Le surlendemain de la représentation au théâtre de l’Opéra-Comique d’une œuvre inqualifiable qui exaspéra le public, nous nous trouvions avec quelques amis dans un salon musical. On venait de parler de la nouvelle et effrayante partition exécutée l’avant-veille. Et l’on avait dit : De quel messie ce compositeur est-il donc le Jean-Baptiste ? — On songeait à la maladie dont l’art musical est en ce moment atteint, aux