Ces accords vaporeux donnent une idée de l’infini ; on ne sait quand ils commencent ni quand ils cessent… On croit les entendre encore quand ils ne vibrent plus. Cela éveille de vagues souvenirs de jeunesse enfuie, d’amours éteintes, d’espérances déçues… et l’on pleure tristement… si l’on n’est pas trop vieux, car alors l’œil reste sec, il se ferme, et l’on s’endort.
Il paraît qu’on ne doit pas encore me ranger parmi les vieux… je ne me suis pas endormi. Loin de là, après l’averse le soleil est revenu, et j’ai pensé à un petit ouvrage dont je m’occupe en ce moment. Assis sur un créneau, le crayon à la main, je me suis mis à écrire les vers d’une scène de nuit dont je tâcherai ces jours-ci de trouver la musique, et que voici :
Nuit paisible et sereine !
La lune, douce reine
Qui plane en souriant,
L’insecte des prairies
Dans les herbes fleuries
En secret bruissant,
Philomèle,
Qui mêle
Au murmure du bois
Les splendeurs de sa voix ;
L’hirondelle
Fidèle
Caressant sous nos toits
Sa nichée en émois ;
Dans sa coupe de marbre
Ce jet d’eau retombant
Écumant ;
L’ombre de ce grand arbre
En spectre se mouvant
Sous le vent ;
Harmonies
Infinies,
Que vous avez d’attraits
Et de charmes secrets
Pour les âmes attendries !
J’en étais là de mon nocturne, quand un de ces oisons si nombreux à Bade, à l’époque où nous sommes, est venu brus-