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que les anciens aient connu l’harmonie, soit qu’ils l’aient ignorée, en réunissant en faisceau les idées que les partisans des deux opinions contraires nous ont données de la nature et des moyens de leur art, il en résulte avec assez d’évidence cette conclusion :

Notre musique contient celle des anciens, mais la leur ne contenait pas la nôtre ; c’est-à-dire, nous pouvons aisément reproduire les effets de la musique antique, et de plus un nombre infini d’autres effets qu’elle n’a jamais connus et qu’il lui était impossible de rendre.

Nous n’avons rien dit de l’art des sons en Orient ; voici pourquoi : tout ce que les voyageurs nous ont appris à ce sujet jusqu’ici se borne à des puérilités informes et sans relations aucunes avec les idées que nous attachons au mot musique. À moins donc de notions nouvelles et opposées sur tous les points à celles qui nous sont acquises, nous devons regarder la musique, chez les Orientaux, comme un bruit grotesque, analogue à celui que font les enfants dans leurs jeux[1].

  1. Depuis que ces lignes furent écrites nous avons eu l’occasion en France et en Angleterre, d’entendre des musiciens arabes, chinois et persans, et toutes les expériences qu’il nous a été permis de l’aire sur leurs chants, sur leurs instruments, comme aussi les questions que nous avons adressées à quelques-uns d’entre eux qui parlaient français, tout nous a confirmé dans cette opinion.