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À MM.
LES MEMBRES DE L’ACADÉMIE DES BEAUX-ARTS
DE L’INSTITUT


11 septembre 1861.
Messieurs et chers confrères,

Vous pensez que le récit de ce que je fais à Bade en ce moment pourra intéresser l’auditoire d’une séance publique de l’Institut. Je ne partage pas votre opinion[1] ; mais, puisque vous le voulez, je me résigne et je vous écris.

N’imaginez pas pourtant que je me fourvoie au point de paraphraser tant de descriptions de Bade, faites avec un si rare talent par MM. Eugène Guinot, Achard et quelques autres écrivains. Non, je parlerai de musique, de géologie, de zoologie, de ruines, de palais splendides, de philosophie, de morale ; nous évoquerons l’antiquité, le moyen âge ; nous examinerons le temps présent ; je citerai l’Apocalypse, et Homère, et Shakspeare, peut-être M. Paul de Kock ; je critiquerai çà et là, par habitude ; je désapprouverai même quelques-unes de vos approbations, et vous serez obligés néanmoins de tout entendre. Vous l’aurez voulu.

Que de choses dans un menuet ! disait le grand Vestris. Que de choses dans une lettre ! allez-vous dire. Rassurez-vous, ma

  1. La lettre, en effet, a paru d’un style trop en dehors des habitudes académiques et n’a pas été lue en séance publique.