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du vomissement, quand l’estomac veut rejeter une liqueur nauséabonde. C’est le dégoût et la haine portés à leur terme extrême ; cette musique m’exaspère, et je la vomis par tous les pores.

Sans doute l’habitude de déguiser ou de maîtriser mes sentiments, permet rarement à celui-ci de se montrer dans tout son jour ; et s’il m’est arrivé quelquefois, depuis ma première jeunesse, de lui donner carrière, c’est que le temps de la réflexion m’avait manqué, j’avais été pris au dépourvu.

La musique moderne n’a donc rien à envier en puissance à celle des anciens. À présent, quels sont les modes d’action de notre art musical ? Voici tous ceux que nous connaissons ; et, bien qu’ils soient fort nombreux, il n’est pas prouvé qu’on ne puisse dans la suite en découvrir encore quelques autres. Ce sont :


LA MÉLODIE.

Effet musical produit par différents sons entendus successivement, et formulés en phrases plus ou moins symétriques. L’art d’enchaîner d’une façon agréable ces séries de sons divers, ou de leur donner un sens expressif, ne s’apprend point, c’est un don de la nature, que l’observation des mélodies préexistantes et le caractère propre des individus et des peuples modifient de mille manières.


L’HARMONIE.

Effet musical produit par différents sons entendus simultanément. Les dispositions naturelles peuvent seules, sans doute, faire le grand harmoniste ; cependant la connaissance des groupes de sons produisant les accords (généralement reconnus pour agréables et beaux), et l’art de les enchaîner régulièrement, s’enseignent partout avec succès.


LE RHYTHME.

Division symétrique du temps par les sons. On n’apprend