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est intitulé cavata. C’est dans le fait une espèce de cavatine fort régulière et surtout fort tranquille, plus tranquille encore dans l’orchestre que dans le chant. L’Alceste de Guglielmi est courageuse, et n’a pas, comme celle de Gluck, de folles terreurs en entendant la voix des dieux infernaux, en voyant les sombres lueurs du Tartare. Son sang-froid atteint surtout les dernières limites du comique, à la conclusion de la phrase :

Il vigor mi resta a pena
Per doler mi e per tremar.


où le musicien, pour mieux accomplir la cadence, répète trois fois

E per tremar, e per tremar,
E per tremar.


comme on répétait alors le mot felicità.

Le chœur des esprits infernaux :

E vuoi morire o misera !


celui que Gluck écrivit sur une seule note entourée de si terribles harmonies, est à deux parties et d’un tour mélodique… gracieux. Le troisième acte, entre autres bouffonneries, contient un grand air de bravoure d’Admète et un duo, dans lequel les deux époux cherchent à consoler leurs enfants, avec accompagnement d’un orchestre très-consolé. On me permettra de ne pas pousser plus loin cette analyse…

L’Alceste de Schweizer fut écrite sur un texte allemand de Wieland. La pièce diffère beaucoup du poëme de Calsabigi. Il y a seulement quatre personnages : Alceste, Admète, Parthenia et Hercule. On y trouve deux chœurs, deux duos, deux trios et beaucoup d’airs à plusieurs mouvements, composés d’un petit andante s’enchaînant avec un petit allegro, et contenant chacun une longue vocalise. Tout cela est correctement écrit selon les us et coutumes d’une petite école mixte germano-italienne, qui fut longtemps en honneur en Allemagne. Le