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commençant aussi en , finit en ut dièze mineur ; l’entrée du grand prêtre rentrant pour dire que le vœu d’Alceste est accepté a lieu sur une ritournelle en ut dièze mineur qui aboutit à un air en mi bémol, et le dernier air de la reine est en si bémol.

Ce morceau du prêtre, « Déjà la mort s’apprête, » est à deux mouvements et d’un caractère presque menaçant dans sa seconde partie. Il est fait avec l’air d’Ismène de l’Alceste italienne, « Parto ma senti, » mais transfiguré et agrandi par l’art extrême avec lequel Gluck l’a modifié en l’adaptant à de nouvelles paroles. En français, l’andante est plus court, l’allegro plus long, et une partie de bassons assez intéressante est ajoutée à l’orchestre. Du reste, le fond de la pensée première est presque partout conservé. Il faut ici signaler une nuance très-importante dont l’indication manque à la partition française gravée, ne se trouvait pas davantage dans la partition manuscrite de l’Opéra, et fut marquée, au contraire, avec le plus grand soin dans la partition italienne. Dans le dessin continu de seconds violons qui accompagne tout allegro, la première moitié de chaque mesure doit être exécutée forte et la seconde piano. Malgré l’oubli des graveurs et des copistes, il est évident que cette double nuance est d’un effet trop saillant pour qu’on puisse la négliger et exécuter mezzo forte d’un bout à l’autre le passage en question, ainsi que je l’ai vu faire autrefois à l’Opéra.

Probablement c’est encore là une de ces fautes de rédaction que Gluck rectifiait aux répétitions, mais qui, n’étant pas corrigées sur les parties ni sur la partition, ne pouvaient manquer d’induire en erreur les exécutants longtemps après, quand le maître-soleil avait disparu.

J’arrive à l’air : Divinités du Styx ! Alceste est seule de nouveau ; le grand prêtre l’a quittée, en lui annonçant que les ministres du dieu des morts l’attendront aux abords du Tartare à la fin du jour. C’en est fait ; quelques heures à peine lui restent. Mais la faible femme, la tremblante mère, ont disparu