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sublime. Je laisse au traducteur la responsabilité de sa traduction.

PHÉRÈS.

« J’entre dans vos peines, mon fils. La perte que vous avez faite est considérable, on ne peut en disconvenir. Vous perdez une épouse accomplie ; mais enfin, quelque accablant que soit le poids de votre malheur, il faut le supporter. Recevez de ma main ces vêtements précieux pour les mettre dans la tombe. On ne saurait trop honorer une épouse qui a bien voulu s’immoler pour vous. C’est à elle que je dois le bonheur de m’avoir (le traducteur veut dire d’avoir) conservé un fils. C’est elle qui n’a pu souffrir qu’un père au désespoir traînât sa vieillesse dans le deuil.

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ADMÈTE.

« Je ne vous ai point appelé à ces funérailles, et, pour ne vous rien celer, votre présence en ces lieux ne m’est point agréable. Remportez ces vêtements, jamais ils ne seront mis sur le corps d’Alceste. Je saurai bien faire en sorte qu’elle se passe de vos dons dans le tombeau. Vous m’avez vu sur le point de mourir. C’était le temps de pleurer. Que faisiez-vous alors ? Vous sied-il à présent de verser des larmes, après avoir fui le danger qui me menaçait, après avoir laissé mourir Alceste à la fleur de l’âge, tandis que vous êtes courbé sous le poids des années ? Non, je ne suis plus votre fils et je ne vous reconnais point pour mon père.

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« Il faut que vous soyez le plus lâche des hommes, puisque, arrivé au terme de la carrière, vous n’avez eu ni la volonté ni le courage de mourir pour un fils, puisque enfin vous n’avez pas eu honte de laisser remplir ce devoir à une étrangère…

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PHÉRÈS.

« Mon fils, à qui s’adresse ce discours hautain ? Pensez-vous