Page:Berlioz - À travers chants, 1862.djvu/115

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tout en ruinant la puissance de l’orchestre lui-même, n’a pas peu contribué à amener le système de chant dont on déplore l’existence, en excitant les chanteurs, à lutter de violence avec l’orchestre dans l’émission des sons.

Voici comment le règne des instruments à percussion s’est établi.

Les lecteurs amis de la musique me pardonneront-ils d’entrer dans d’aussi longs développements ? Je l’espère. Quant aux autres, je crains peu de les ennuyer ; ils ne me liront pas.

Ce fut, ou je me trompe fort, dans l’Iphigénie en Aulide de Gluck que la grosse caisse se fit entendre pour la première fois à l’Opéra de Paris, mais seule, sans cymbales ni aucun autre instrument à percussion. Elle figure dans le dernier chœur des Grecs (chœur à l’unisson, notons ceci en passant), dont les premières paroles sont : Partons, volons à la victoire ! Ce chœur est en mouvement de marche et à reprises. Il servait au défilé de l’armée thessalienne. La grosse caisse y frappe le temps fort de chaque mesure, comme dans les marches vulgaires. Ce chœur ayant disparu lorsque le dénoûment de l’opéra fut changé, la grosse caisse ne fut plus entendue jusqu’au commencement du siècle suivant.

Gluck introduisit aussi les cymbales (et l’on sait avec quel admirable effet) dans le chœur des Scythes d’Iphigénie en Tauride, les cymbales seules, sans la grosse caisse, que les routiniers de tous les pays en croient inséparable. Dans un ballet du même opéra il employa avec le plus rare bonheur le triangle seul. Et ce fut tout.

En 1808, Spontini admit la grosse caisse et les cymbales dans la marche triomphale et dans l’air de danse des gladiateurs de la Vestale. Plus tard il s’en servit encore dans la marche du cortége de Telasco de Fernand Cortez. Il y avait jusque-là emploi, sinon très-ingénieux, au moins convenable et fort réservé de ces instruments. Mais Rossini vint donner à