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sur
L’ÉTAT ACTUEL DE L’ART DU CHANT
DANS LES THÉÂTRES LYRIQUES DE FRANCE ET D’ITALIE, ET SUR LES CAUSES
QUI L’ONT AMENÉ

LES GRANDES SALLES
LES CLAQUEURS, LES INSTRUMENTS À PERCUSSION


Il semble au bon sens vulgaire que l’on devrait, dans les établissements dits lyriques, avoir des chanteurs pour les opéras ; mais c’est justement le contraire qui a lieu : on y a des opéras pour les chanteurs. Il faut toujours rajuster, retailler, rapiécer, rallonger, raccourcir plus ou moins une partition pour la mettre en état (en quel état !) d’être exécutée par les artistes auxquels on la livre. L’un trouve son rôle trop haut, l’autre trouve le sien trop bas ; celui-là a trop de morceaux, celui-ci n’en a pas assez ; le ténor veut des i à tout bout de chant, le baryton veut des a ; ici l’un trouve un accompagnement qui le gêne, là son émule se plaint d’un accord qui le contrarie ; ceci est trop lent pour la prima donna, cela est trop vif pour le ténor. Enfin un malheureux compositeur qui s’aviserait d’écrire une gamme d’ut dans l’échelle moyenne et dans un mouvement lent, et sans accompagnement, ne serait pas assuré de trouver des